Délit de solidarité

Entre les paroles officielles et les actes de mises en garde à vue...

Délit de solidarité ? Solidarité dans le délit !
 

Solidarités et migrants

Interweew de l'abbé Boutoille délit de solidarité  
Interweew de l'abbé Boutoille
Interweew de l'abbé Boutoille

  Ces derniers mois un durcissement dans les rapports entre les autorités civiles (et militaires) et les associations s’est développé. La comparution de Jean-Claude Lenoir à Boulogne sur Mer, l’arrestation de Monique..., de Norrent-Fontes n’ont fait qu’accroitre le malaise et la conviction que les arrestations et pressions exercées sur les bénévoles sont une volonté de détruire ce qu’il y a de solidarité et d’humanité dans le cœur des gens de bonne volonté.

 

Deux réfugiés devant la camionette de la Belle Etoile délit de solidarité  
Deux réfugiés devant la camionette de la Belle Etoile
Deux réfugiés devant la camionette de la Belle Etoile
La projection du film Welcome a entrainé des réactions et des discussions. Certains ont pu ouvrir les yeux sur l’arsenal juridique, les uns dramatisants, les autres dédramatisant l’utilisation des textes de la Loi. Mais peut-on faire mentir l’adage : la Loi, c’est la Loi ?


Plusieurs association ont décidé de manifester le 8 avril devant les palais de justice, au vu du projet de loi de finances 2009 dans lequel des objectifs chiffrés seraient proposés :
objectif chiffre pour 2010 de reconduites à la frontière : 28000
objectif chiffre pour 2010 d’interpellations d’aidants : 5500
source : projet de loi de finances 2009

 

L’appel à ces rassemblements est ainsi rédigé :


« Nous sommes tous concernés par ces objectifs chiffrés, parce qu’ avant d’être «sans-papiers», ces hommes, ces femmes et ces enfants sont des personnes en difficulté, isolées et démunies et il est de notre devoir de citoyen de les aider dans la dignité et le respect dû à chaque être humain.
Mercredi 8 avril 2009, à 10h00, devant les palais de Justice de Paris, Lille, Marseille, Strasbourg, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Rennes et ailleurs en France, nous serons 5.500 au moins à nous présenter comme prisonniers volontaires, affirmant avoir, un jour, aidé un homme ou une femme sans-papiers en difficulté. Nous serons 5 500 citoyens décidés à rester des « aidants » !.

Organisations signataires : La Cimade, Comede, Emmaüs France, Fasti, Fédération entraide protestante, Fnars, Gisti, Ligue des droits de l’homme, RESF, SAF (Syndicat des avocats de France), Secours catholique, SOS racisme, Uniopss » Le C’Sur est partie prenant de cette initiative.

 

Quelques infos, suite au conseil des migrants de Calais du 3 avril 2009


Annonces de madame le Maire :
Réfugiés, Calais, 11 juin 2008 Réfugiés, Calais, 11 juin 2008  Après une rencontre avec le Sous Préfet , le Président de Région , le Médiateur de la République et une Conseillère Régionale ( Catherine Bourgois, membre du collectif C'SUR ) la Mairie annonce qu'un terrain appartenant à la Région sera mis à la disposition des "asso -repas" ; terrain aménagé comportant algécos , auvent , sanitaires . Il ne manque plus que la signature de Mr Percheron .


Réfugiés Calais 22-12-2007 Réfugiés Calais 22-12-2007    En revanche, il y a refus de la mise en place d'un algéco permettant d'informer les migrants sur leurs droits. Nous reviendrons donc sur ce point au prochain conseil .
Le collectif C'SUR se réjouit de cette avancée consécutive au "coup de gueule" de novembre dernier et de toutes les rencontres que nous avons eues depuis avec la Région , les Conseillers Régionaux et Généraux ,le Sous Préfet , le Médiateur de la République , la venue du Président National du Secours Catholique , du Ministre Besson .... qui, tous ont fait pression sur la mairie ! Les choses auraient sans doute été plus rapides si la solidarité associative avait été plus grande et sans dissidence.

Deuxième point : les douches ,
Un terrain est trouvé à 3 kms de Calais ( pas de migrants visibles dans Calais !!! ) ; terrain aménagé, dont la gestion serait confiée au Secours Catholique qui, pour le moment, discute des moyens dont il disposera avec les services de la mairie. MAIS cela se fera si, et seulement si, l'Etat donne son accord et si le Secours Catholique renonce à sa demande de permis de construire route de St Omer là où se fait actuellement "l'accueil jour" des femmes et des enfants ( chantage ? )!! Nous attendons la réponse du secours catholique .


Le local du Secours Catholique Des réfugiés à aider  
Le local du Secours Catholique
Le local du Secours Catholique
3ème point :

l'accueil des migrants fragilisés, le souci commun du secours catholique et de la Belle Etoile étant de protéger et d'accueillir cette population sur Calais. (lieu spécifique, dont la gestion pourrait revenir aux associations ; sur financement état ou collectivités)
Madame le Maire adhère à l' idée, mais souhaite que ce lieu ne soit pas calaisien et que l'effort soit "partagé" avec une autre commune de l'agglomération. (ce qui ne serait simple ni pour les exilés, ni pour les bénévoles)
Voilà où nous en sommes.

Pour le collectif, JP Boutoille

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Témoignage d'un chaffeur de taxi à Calais

 

« Besson ment, j’ai été condamné pour délit de solidarité »
   Délit de Solidarité Refugies-Norrent-Fontes  
Délit de Solidarité
Délit de Solidarité
Le Gisti vient de publier la liste non exhaustive d’une trentaine de personnes condamnées pour « délit de solidarité ». Charlie hebdo a retrouvé l’un d’entre eux : Dimitri Pakhomoff, chauffeur de taxi à la retraite.
Propos recueillis par Sylvie Coma
«Quand le ministre Besson dit que « personne, en France, n’a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation ans, j’ai irrégulière », moi, je peux crier que c’est faux. Je vais avoir 73 travaillé pendant quarante-neuf ans et j’ai été chauffeur de taxi à Calais pendant quinze ans. En 2002, j’ai été condamné à un an de prison ferme pour avoir simplement exercé mon métier. Pourquoi ? Je ne le comprends toujours pas.


refugies-Calais refugies-Calais  À cette époque, les réfugiés étaient massés à Sangatte. À part la compassion que j’ai eue et que j’ai encore pour ces malheureux, je n’ai rien à me reprocher. Comme tous mes collègues, j’ai effectivement transporté ces pauvres gens dans mon taxi. La plupart du temps, ils voulaient aller à Calais pour faire des courses à l’épicerie. Et parfois aussi pour prendre le train à la gare. En quoi aurais-je dû les en empêcher ? Chacun vit sa vie. Étant taxi, je n’avais pas le droit de leur demander leurs papiers — je ne suis pas de la police ! —, ni de refuser de les prendre dans ma voiture, sous peine d’être poursuivi pour discrimination raciale. Et puis, ces personnes n’étaient pas des prisonniers, c’était des réfugiés. Je les transportais comme des clients, en leur faisant souvent des prix préférentiels. La misère est universelle et n’a pas de citoyenneté. »
Le témoignage complet est à lire dans Charlie Hebdo n° 880

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Courrier de la Ligue des Droits de l'Homme

à propos des Centres de détention administrative.

 

Nous avions rendu compte de la conférence de la CIMADE en février

 

« De la xénophobie à visage humain »
samedi 11.04.2009

 

Camp Refugies-Norrent-Fontes  
Camp
Camp
Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l'homme était à Calais le 10 avril. Une visite écourtée au centre de rétention administratif (CRA) de Coquelles, une rencontre avec les Erythréens et les Afghans, la journée des membres de la LDH a été particulièrement soutenue... et insoutenable


Il y a d'abord eu l'annexe du Centre de rétention administrative de Coquelles (Cra). Un tribunal dans lequel se joue « une parodie de justice », estime Jean-Pierre Dubois, président de la ligue des droits de l'homme, entouré de son vice-président, Pierre Tartakowsky.


Puis dans la foulée, la ligue a souhaité visiter le Cra, ce qui lui a été poliment refusé : « Le directeur départemental de la Police aux frontières par intérim nous a dit qu'il nous fallait des autorisations. Ce que nous avons donc entendu, c'est qu'il n'avait rien à nous cacher, mais qu'il ne pouvait pas nous le montrer... Ce qui soulève quelques interrogations ». Notamment au niveau de la transparence tant prônée par Eric Besson, ministre de l'identité nationale.
« Ils démontrent une obstination à nous cacher ce qui est normalement avouable, souligne Etienne Lelieur, responsable local.


Visiblement, il y a des visiteurs qui sont moins bienvenus que d'autres. Ils fonctionnent dans le secret alors qu'ils nous disent qu'ils n'ont rien à cacher, c'est bizarre. Ils ne semblent pas à l'aise dans leurs baskets car ils sont obligés d'appliquer une politique inhumaine. Cette politique c'est de la xénophobie à visage humain ».


Fidèle à son planning, la LDH est également allée à la rencontre des Roms à Boulogne-sur-Mer. Là, ils ont vu des caravanes dans un état « effrayant », rencontré des gens « qui veulent travailler » mais dont le « droit au travail, à l'éducation ou encore à l'eau passe devant eux ». « Le bus scolaire ne s'arrête même pas pour prendre les enfants, s'énerve Jean-Pierre Dubois. A priori, ils n'ont rien d'humain. Pas la peine de les envoyer à l'école. Pourtant, ce ne sont pas des Africains. Eux, d'après notre président de la République, pourraient peut-être s'élever vers le progrès ».
Enfin, ce fut l'arrivée à Calais. La visite de la maison des éclusiers, où « une centaine d'Erythréens vivent au milieu des ordures, sans eau.
» Un véritable « choc » pour Jean-Pierre Dubois. Dans la "jungle", la LDH a vu ces « pachtounes vivant dans des conditions effroyables, sans accès à l'eau. Certains d'entre eux demandant le droit d'asile ».


Le point commun de tout cela ? « La relégation des mendiants, des Roms, des étrangers dans le Cra, pointe du doigt le président de la LDH. Il faut respecter la dignité des droits. Tout cela doit cesser, car c'est dans l'obscurité que l'on traite des gens comme ça... »


Une réunion de délinquants


« L'intérêt de cette visite, c'est que cela prouve la convergence entre la bataille nationale menée par la LDH et la bataille locale, a souligné Gérard Minet, président de la fédération du Nord de la LDH. Nous ne sommes pas que sur une action humanitaire, mais aussi sur une action politique et sur les droits ». Et cette action politique actuelle, c'est la lutte contre la loi menaçant de prison les personnes venant en aide aux migrants. Une loi ayant beaucoup fait débat ces derniers temps. « Eric Besson a créé un nouveau type de délinquant, les aidants, a ironisé Jean-Pierre Dubois. Cette politique cherche à traiter comme criminels les gens qui appliquent la constitution des droits de l'homme... Dans ce cas, nous sommes tous, ici, il n'y a que des délinquants ! »
Tiphaine RIBLIER et
Vincent DEPECKER

De son côté Nord-Littoral écrivait: 
 

Le CRA de Coquelles fonctionnera sans la Cimade, évincée par Besson
L'annonce a fait l'effet d'une bombe à la Ligue des droits de l'homme : « L'idée, c'est de faire éclater le territoire français en plusieurs lots concernant les centres de rétention administrative et les associations qui y sont présentes. Il y aura huit lots au total, explique Jean-Pierre Dubois, président de la ligue. Plus on divise, mieux c'est ». La Cimade, actuellement installée au centre de rétention administrative de Coquelles, va donc devoir quitter les lieux. « Ces gens là gênent car ils font de l'assistance matérielle et au droit. Eux sont déjà dans les Cra, on ne pouvait donc pas les empêcher d'entrer. On veut casser leur rôle de lanceur d'alertes, car on ne veut pas que les français sachent ce qu'il se passe dans les Cra... » Selon la LDH, la répartition des attributions des Cra à telle ou telle association se fera d'ici quelques jours : « Six associations ont été retenues, et parmi elles se trouve une association créée par un des responsables du Ministère de l'immigration. Il s'agit de France respect. » critique Pierre Tartakowsky, vice-président de la LDH.

L'offre économiquement la plus avantageuse


Selon la LDH, la Cimade était pourtant plus que légitime : « Elle se bat depuis soixante dix ans pour le droit des réfugiés...


Réfugiés à Calais 15.10.08 Réfugiés à Calais 15.10.08  Malgré tout, la Cimade devra partager cette mission à partir du mois de juin avec cinq autres associations, selon le résultat de l'appel d'offres publié vendredi par le ministère de l'Immigration. Jusqu'alors seule association habilitée à intervenir dans la trentaine de centres de rétention où sont maintenus les étrangers en situation irrégulière, la Cimade a obtenu trois des huit «lots» définis par le ministère : les lots 1 (Bordeaux, Nantes, Rennes, Toulouse et Hendaye), 4 (Nîmes, Perpignan et Sète) 6 (Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne, 1, 2 et 3).


Les cinq restants sont attribués à l'Association service social familial migrants (Assfam) pour Bobigny et Paris, France Terre d'Asile qui obtient les lots de Palaiseau, Plaisir, Coquelles et Rouen-Oissel, l'Ordre de Malte ceux de Lille 1 et 2, Metz, Geispolsheim (Bas-Rhin), Forum Réfugiés ceux de Lyon, Marseille et Nice, et le Collectif Respect les CRA d'Outre-mer. Le ministre Eric Besson a suivi les recommandations du comité d'appel d'offres, explique le ministère, qui a retenu «l'offre économiquement la plus avantageuse » La France compte 27 centres de rétention où sont maintenus les étrangers en situation irrégulière.

 

 


 

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 12099 visites

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