Eglise et crise financière

Le Vatican, les évêques de France invitent la finance à redonner toute sa place à l'homme.

 

Le Vatican demande un nouveau pacte pour refonder le système financier

 
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Le document publié fin novembre par la commission Justice et Paix, à quelques jours de la conférence de Doha, demande que l’on s’interroge : « Comment en est-on arrivé à cette situation désastreuse, après une décennie pendant laquelle se sont multipliés les discours sur l'éthique…. ? »
 
 
Le Conseil pontifical Justice et Paix, appelle à une refonte du système financier international en faveur des pays du Sud. Ce document approuvé par la secrétairerie d’Etat du Vatican a été publié dans l’Observatore Romano.
 
Au moment où se réunit le G20 et la conférence des Nations Unies, ce document vient provoquer les pays les plus riches en vue d’une mobilisation envers les pays les plus pauvres. Ceux-ci ne doivent pas faire les frais de la crise.
 
Devenir responsables du bien commun
 
Malgré les discours éthiques, on a perdu de vue la «vraie nature de la finance: favoriser l’économie réelle, le bien-être, le développement de l'homme et de tous les hommes ». Il importe, au cours de ces conférences internationales, de remettre au centre les questions de fond les plus importantes pour le bien commun de l'humanité. Le financement du développement est l'une d'entre elles.» C’est un point constant de la doctrine sociale de l’Eglise. Or, malgré les nombreux discours en matière d’éthique financière et commerciale, on n’a rien vu venir où l’économie se mette au service du développement des pays les plus pauvres.  
 
Exit paradis fiscaux et autres techniques d'exclusion
 
Le document dénonce les paradis fiscaux et s'attaque avec véhémence aux marchés financiers «offshore», qui détiennent des richesses aux montants impressionnants. Le seul manque à gagner fiscal- 255 milliards de dollars par an - équivaut à plus de trois fois le montant de l'aide au développement public de la part des pays de l'OCDE! De fait, la globalisation des finances a entraîné un report de la taxation du capital sur la taxation du travail, facteur de production moins mobile et qui peut difficilement échapper à l'impôt.
 
le Saint-Siège dénonce l'existence de « paradis fiscaux » ou « marchés financiers offshore », coupables d'avoir alimenté la crise et d'avoir provoqué son développement. Pour les auteurs du document, le développement des pays les plus pauvres peut être l'une des voies de sortie de la crise actuelle, en suscitant de nouveaux marchés. On a oublié, précise le document que, en 2008, la crise financière est venue après une crise alimentaire et une crise énergétique très dures dans les pays pauvres.
 
Une réelle formation des acteurs financiers à la responsabiltié du bien commun
 
Il ne pourra y avoir de solutions tant que ne s'affirmera pas une « conscience morale bien formée » ; « Aucune intervention de régulation ne peut ‘garantir' son efficacité en faisant abstraction de la conscience morale bien formée et de la responsabilité quotidienne des opérateurs du marché, en particulier celles des entrepreneurs et des grands agents financiers ». « il faut atteindre l'être moral plus profond des personnes, il faut une réelle éducation à l'exercice de la responsabilité vis-à-vis du bien de tous, de la part de tous les sujets, à tous les niveaux : agents financiers, familles, entreprises, institutions financières, autorités publiques, société civile ». Cette éducation à la responsabilité « peut trouver un fondement solide dans certains principes de la doctrine sociale de l'Eglise, un patrimoine qui est commun à tous et constitue la base de toute la vie sociale : le bien commun universel, la destination universelle des biens, la priorité du travail sur le capital ».

 

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Au coeur de la crise, faire crédit, faire confiance

 

Déclaration de Mgr Descubes,

président du Conseil pour les questions familiales et sociales

à la Conférence des évêques de France le 8 octobre 2008

  

Extraits:
Nos sociétés sont ébranlées.
Et comme toujours, en pareil cas, 
les plus pauvres sont les premières et bien innocentes victimes.

 
Cette crise nous invite tous à nous interroger sur nos modes de vie, sur notre rapport à l’argent, sur nos manières de faire fructifier notre épargne et de recourir au crédit.
 
Nous ne pouvons que saluer les efforts des gouvernements et des responsables politiques pour faire face à la situation.
 

Il est essentiel que les mesures préconisées se donnent une autre fin que le seul maintien d’un système financier qui a révélé ses faiblesses et leurs conséquences humaines."

 

Quand la finance prétend être sa propre fin et n’est plus animée que par le désir exclusif du profit, elle perd la tête. Quand le souci de l’homme, de tout l’homme et de tous les hommes redevientprioritaire, la confiance renait.

 

Lire le texte entier (pdf)

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Eglise et indemnités de départ de dirigeants de grandes entreprises

16 avril 2007

 

Avantages économiques et conséquences  sociales

 

Mgr Descubes Mgr Descubes  

cef cef  Déclaration de Mgr Descubes,

président du Conseil pour les questions familiales et sociales

à la Conférence des évêques de France

 

 

 

Pour le journal La Croix, du 17 avril, cette déclaration est "un appel à moraliser les indemnités de départ des dirigeantss... L'économie ne doit pas oublier qu'elle est au service de l'hmme et de tous les hommes. La Croix rappelle les chiffres: EADS/airbus a versé 6,1 millions d'euros de départ + 2,4 de prime de non-concurrence, alors que la société Airbus licencie plus de 10.000 personnes dont 4300 en France.

 

 

Pour Le Monde, du 19 avril, le commentaire est plus brutal: "L'Eglise contre les parachutes dorés".Le journal rappelle la plaquette publiée en 2005: "Repères pour une économie mondialisée". S'ensuit un parcours dans l'histoire, pour rappeler l'encyclique sociale de Léon XIII Rerum Novarum, 1981, celle de Jean-Paul II après la chute du coommunisme, poour la 100ème anniversaire, Centesimus Annus, 1991. "Jean-Paul II avait mis en garde les pays industrialisés contre tout triomphalisme du profit qui se traduirait par une accélération du libéralisme "sauvage", mais précise encore Henri Tincq, les voies moyennes entre capital et travail, largement inspirées par la "doctrine sociale" n'ont guère brillé par leur succès au cours du XXème siècle. Dans sa conclusion le journaliste rappelle que l'Eglise intervenait plutôt dans la défense du mariage et de la famille, et que l'opinion publique aujourd'hui accepterait mieux ses interventions dans le domaine économiques que dans le domaine du sexe ou du mariage..

 

La déclaration

Paris, 16 avril 2007.

 

Les médias se font à nouveau l’écho d’indemnités de départ versées à des dirigeants d’entreprise qui, même inscrites dans les clauses d’un contrat initial, apparaissent injustifiées.

Les grandes multinationales sont devenues des entités gigantesques. Leur gestion est difficile et exige un fort engagement personnel de la part de leurs dirigeants. Les contraintes et les risques sont multiples et complexes. Les rémunérations décidées par les conseils d’administration sont encadrées par la loi et pour la plupart fiscalisées. La volonté de transparence qui porte à la connaissance de tous ces pratiques est un progrès.

Cependant la disproportion entre certaines indemnités de départ et les salaires moyens des employés des mêmes entreprises invite à la réflexion. En ce domaine, comme en d’autres, ce qui est légalement autorisé n’est pas nécessairement moral.

Ces indemnités scandalisent les personnes aux revenus modestes et les personnes sans emploi.

Justifier ces pratiques en invoquant les contraintes d’un marché mondialisé qui obligerait à s’aligner sur ce qui se vit aux Etats-Unis reste à démontrer.

En intervenant dans le débat, nous ne faisons d’aucune manière le procès des dirigeants et des chefs d’entreprise qui, dans leur grande majorité, accordent une attention particulière aux exigences de l’équité et de la justice.

Mais, s’il existe une exception française en matière sociale, elle doit inclure la moralisation des indemnités de départ des dirigeants d’entreprise.

Jean-Charles Descubes

Archevêque de Rouen

 

 

 

 

 

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 11098 visites

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