Excommunication levée et Droit canonique

Réflexions après les propos de Charles Borras

Points de droit canonique et révélation du visage du Dieu de Jésus-Christ


L’excommunication et la levée d’excommunication lèvent bien des questions. Comment poser un peu sereinement la réflexion à ce sujet. Dans une récente interview, le père Alphonse Borras, revient sur la réintégration des quatre évêques, sous l’angle du Droit canonique. Il est professeur de droit canonique à Louvain, enseigne également à L’Institut catholique de Paris.

 

L’excommunication, est une peine canonique prévue par le droit canonique en cas de délit grave préjudiciable à l’Eglise catholique. En l’occurrence il s’agit de l’ordination épiscopale de quatre évêques effectuée par Mgr Lefebvre en 1988. Elle ne concerne que ces cinq évêques. Elle n’est pas une exclusion de l’Eglise, mais une mise à l’écart temporaire de la vie en Eglise, jusqu’à ce que les personnes concernées ne manifestent leur repentir.

 

Se repentir et réparer –au moins promettre de le faire– est un préalable à la levée de la sanction, comme de toute sanction ecclésiastique. L’adhésion totale au magistère du pape et des conciles, Vatican II y compris ne semble pas avoir été affirmée. Les courriers de la fraternité, en décembre 2008 et de janvier 2009 ne répondent pas à cette attente.
Le pape affirme avoir voulu lever les empêchements à l’ouverture d’une porte pour un dialogue, posant comme condition indispensable à une future reconnaissance la pleine reconnaissance du concile Vatican II et du magistère des papes de Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul I et Jean-Paul II note de le secretairerie du 4 février 2009).

 

L’attitude de Mgr Williamson ne manifeste aucune réserve à l’égard de la shoah pourtant fermement condamnée par Rome. La lettre des quatre évêques le 29 janvier 2009 pose comme préalable de réétudier des points de la doctrine actuelle de l’Eglise avec lesquels ils sont toujours en opposition et qu’ils contestent.

 

Pour le père Borras, les collaborateurs du pape et le pape lui-même ont sans doute quelque peu précipité leur décision, à cause de leur intense souci d’unité et de réconciliation ; ils ont été par trop confiants en un dialogue possible, oubliant la nécessaire prudence devant les engagements à tenir, de la part des dissidents, engagements dont on n’a aucune trace à ce jour. On peut même se demander s’il n’y a pas eu manipulation des principes de droit pour satisfaire une politique de réconciliation préalablement voulue.

Le résultat en est aujourd’hui une incompréhension de nombreux chrétiens vis-à-vis du sommet de l’Eglise catholique et de son administration, un sentiment de voir brader les acquis de Vatican II, en particulier concernant la liberté de conscience, le dialogue avec les autres confessions religieuses, etc.

 

La note de la secrétairerie d’Etat du Vatican, du 4 février, précise que la Fraternité Saint-Pie X ne bénéficie d'aucune reconnaissance canonique dans l'Eglise catholique et que les 4 évêques, bien que libérés de l'excommunication, n'ont pas de fonction canonique dans l'Eglise et n'y exercent pas licitement de ministère.

 

Les leçons que les pères du Concile Vatican II avaient tirées de la distance prise par la société d’avec l’Eglise d’alors était une recherche d’ouverture avec les autres - non-catholiques, non-croyants, non-religieux - un dialogue " en vérité " à instaurer. L’intransigeance des lefebvristes ira-t-elle jusqu’à invalider la capacité de l'Eglise d'être à l'écoute de ce monde dont elle est solidaire ? Benoit XVI attend encore que soient éclaircies des questions doctrinales. Comme le laisse entendre a note du 11 mars, C’est le visage d’un Dieu amour qui risque de disparaitre de l’horizon des hommes et du champ social. C’est bien la question du visage de Dieu révélé en Jésus-Christ qui est aujourd’hui interrogée.

 

Précision techniquessur infocatho-CEF