N°18- Oeuvrer pour la Charité

Que votre charité se donne de la peine

Plusieurs sujets de ce numéro 18-2008 rappellent la charité active mise en œuvre par beaucoup d’hommes de bonne volonté et, parmi eux, des chrétiens. Luc, dans l’évangile de dimanche dernier rappelait à sa manière l’importance du service : « Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées ».

 
L’assemblée annuelle du Secours catholique et l’appel au don, les 25 ans d’Emmaüs à Saint-Omer, le soutien apporté aux réfugiés (6ème anniversaire de la fermeture de Sangatte), la journée du refus de la misère, les sollicitations diverses à l’approche de l’hiver, sont quelques-unes des nombreuses manifestations du souci porté au prochain par les hommes de bonne volonté.
 
Quelques-uns ont pu entendre le témoignage du ministère du père Kermoal auprès des victimes du travail (accidentés et silicosés de la mine en Corée) ou avec ceux qui fouillent les poubelles de Séoul. A Mazingarbe et Loos-en-Gohelle son récit prenait visage universel dans le cadre du bassin minier et le faisait entrer en dialogue avec ceux qui ici, dans le quotidien de leur association, participent à la vie sur un territoire. « Que votre charité se donne de la peine ! »
 
Il ne suffit pas de dire Seigneur ! Seigneur ! Encore faut-il faire la volonté de mon Père. A cette parole de Jésus située dans le discours inaugural, Matthieu donne en écho, à la fin de son Evangile, d’autres paroles : on ne peut séparer l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Ou encore : venez, les bénis de mon Père, j’avais faim, soif, j’étais nu ou en prison, et vous m’avez visité… L’Apocalypse de Jean affirme qu’ils seront des foules immenses auprès de Dieu ceux qui auront mis en œuvre le service du frère, qu’ils connaissent ou non Dieu notre Père.
 
L’urgence et la nécessité de pallier à l’extrême pauvreté quotidienne risquent cependant de faire oublier le service indispensable, et moins visible, de la transformation et de l’organisation du monde. Le coup de cœur ne peur remplacer la nécessité de raisonner, de penser et de vouloir un monde autre. La crise monétaire montre combien nous sommes ballottés par des idéologies et des pratiques où le service de l’homme compte peu. Un peu de spiritualité et d’humanité, un peu de bon sens aussi devrait inspirer tous les acteurs d’un monde mondialisé.
 
Mais comment cela sera-t-il possible si les chrétiens se désintéressent des grands chantiers du monde et laissent faire ? Pour faire renaitre la confiance, il faut rendre prioritaire le souci de l’homme, de tout l’homme et de tous les hommes, rappelait le Conseil pour les questions familiales et sociales de l’épiscopat.
Abbé Emile Hennart