le Jeudi 25 sept 2008


Il serait prétentieux de prétendre dresser un bilan de la visite du pape Benoît XVI à Paris et à Lourdes. Au-delà des paroles, des écrits, des images et des reportages, certaines formules, quelques signes, diverses attitudes ont touché des cœurs qui ne feront pas étalage de leurs sentiments et de leurs découvertes. Il apparaît clairement que les catholiques de France et la population qui a accueilli le Saint Père ont reçu un pasteur.

 

Il fallait à l’occasion de ce séjour assumer l’histoire. Le successeur de Pierre est un chef d’état. Il a été reçu comme tel par la République avec tous les honneurs attachés à cette responsabilité. Rien ni personne n’aurait pu davantage empêcher la même histoire de s’inviter dans le jeu subtil des relations entre la France et le christianisme, en général, le catholicisme, en particulier. Nous avons entendu des discours aux accents différents traiter de la laïcité, mais, une fois de plus, au grand dam des observateurs étrangers qui ne comprennent rien à la manière de gérer nos querelles ancestrales, un pape a été attendu avec curiosité et reçu avec chaleur et enthousiasme.

 

Certes, Benoît XVI s’est prêté au jeu, mais à l’évidence son attention et son intérêt dépassaient largement les mouvements de foule et les applaudissements de bienvenue. Si le Saint Père doit, un jour, devenir une star, ce ne sera vraiment pas de sa faute ! Certains continueront à taquiner le pape sur ses goûts esthétiques, mais on imagine mal que cet orfèvre des signes et des symboles puisse en être dépourvu. A dire vrai, ils n’ont pas envahi l’espace et le temps des quatre journées passées en France. Nous avons certainement été plus sensibles à la sollicitude d’un pasteur qui s’efforce de remplir fidèlement une mission qu’à l’évidence il n’a pas cherché à assumer. Alors, avec une grande humilité et une totale liberté, il s’y consacre.

 

Benoît XVI enseigne avec un rare talent. Le discours au centre des Bernardins a réveillé le professeur heureux de constater que ses étudiants sont sous le charme. Les différentes homélies relèvent du même registre. La quête de la vérité habite ce chercheur passionné et rigoureux qui, de façon permanente, rend à la raison toutes ses lettres de noblesse au nom même de sa foi. Avec simplicité, humilité, le pape reprend des affirmations qui peuvent heurter des analyses et des pratiques engendrées par des cultures qui ne plongent plus leurs racines dans la terre fertile de l’Evangile ou de l’enseignement de l’Eglise. Le respect des personnes n’empêche pas la fermeté.L’accueil n’atténue pas la vigueur des propos. Benoît XVI sanctifie. Tous retiendront comme un moment majeur du séjour du pape, la méditation qu’il a proposée aux fidèles à l’issue de la procession eucharistique et de l’adoration du Saint Sacrement.

 

Ses mots à l’égard des personnes malades furent particulièrement touchants. Il sait guider toute une foule vers le mystère de l’Eucharistie et inviter chaque participant à une authentique rencontre avec le Christ mort et ressuscité. Non le pape n’a pas fustigé, réprimandé et condamné. A l’égard de ses frères évêques, il s’est montré encourageant. Comme un aîné qui suit très attentivement les évolutions de ses cadets, mais d’un peu plus haut et d’un peu plus loin, il a stimulé. Il a signalé au passage quelques obstacles que les réalités quotidiennes dont nous pensons être tellement familiers pourraient insidieusement dissimuler à nos regards et à notre jugement.

 

Un pasteur n’est jamais chargé de proclamer ce que ses auditeurs auraient envie d’entendre. Le Christ lui-même n’a jamais agi de la sorte, tant s’en faut ! Il ne lui appartient pas davantage d’imposer sa propre parole. Les grandes célébrations auxquelles nous avons participé, d’une manière ou d’une autre, n’avaient aucune motivation triomphaliste ou archaïque. Elles exprimaient la signification profonde de la rencontre du pape avec les fidèles et leurs pasteurs : s’en remettre ensemble à la Parole, au Fils de Dieu Mort Ressuscité, notre chemin, notre vérité et notre vie ! Merci, cher Benoît XVI, de nous avoir, à nouveau, indiqué la route !

 

+ Jean-Paul JAEGER