FAQ-01 - Foire aux questions

Lire l’évangile de Marc… quand je lis, je me pose des questions !

  Vous souhaitez poser une question envoyez un mail

 

 

 

Aqueduc romain, à Césarée - Marc

 

 

 

Questions générales 

 

Qui est Marc ? 

 

Marc, de son vrai nom juif Jean, a reçu le surnom romain “Marc” comme cela se faisait pour bien des gens colonisés par Rome. Il en avait été de même pour Paul, dont le nom juif est Saul). Marc a suivi Paul quelques temps (Saul était son nom juif), et surtout Pierre. (Voir Actes 12,12 et 25 ; 15,37 ; Marc est cité dans les lettres aux Colossiens, à Philémon, à Timothée et 1 Pierre)

 

Quand nous disons « Evangile selon saint Marc », nous devons penser à la communauté des chrétiens qui a porté le projet d’écrire « quelque chose ». Par commodité, nous disons Evangile de Marc, comme si c’était un ouvrage personnel, alors que le texte porte la réflexion et les acquis d’une communauté, sur plusieurs années.

 

Nous sommes à Rome dans les années 65-70. Les chrétiens de Rome ont été éprouvés par la mort de Pierre et de Paul (entre 64 et 67). La persécution développée par Néron a fait des ravages. Comment croire et oser parler de Jésus ? C’est une période douloureuse pour les chrétiens, d’origine juive et païenne, eux qui avaient mis leur confiance dans Jésus ressuscité, eux qui avaient fait confiance aux paroles des apôtres.

 

La tradition rapporte que la communauté des chrétiens de Rome souhaitait que ne se perdent pas les témoignages des apôtres. Il fut demandé à un fidèle qui a suivi les apôtres de mettre par écrit ce qu’il avait reçu. L’Evangile selon saint Marc s’adresse à une communauté éprouvée, qui a besoin d’être consolidée. Marc va à l’essentiel ; peu de digressions ou de longs discours ou de méditations. L’annonce de la passion (3 fois) effraie les disciples, tout comme la persécution de Néron effraie les chrétiens. Ils n’osent pas parler ouvertement de Jésus, tout comme les femmes sortant du tombeau, qui « ne disent rien car elles avaient peur… ». Suivre Jésus sera “cause d’ennuis”, etc. Il y a un rapport permanent entre les récits sur Jésus et les conditions concrètes d’existence des premiers chrétiens. En écrivant, Marc prend en compte les chrétiens de Rome, avec leurs questions et difficultés de croire. C’est à eux qu’il adresse son Evangile.  

 

Comme les autres évangélistes, Marc s'appuie sur des traditions déjà en partie écrites: séries de miracles, suite de paraboles (comme en Marc 4), ou de discussions avec les autorités juives (Mc 3). Il s'inspire aussi d'ensembles déjà regroupés, comme la marche sur les eaux liée à la multiplication des pains, ou le récit de la Passion, de Gethsémani à la découverte du tombeau vide.

 

 

Autour du mot « Evangile »

Evangile, d'où vient le mot ? Qu’est-ce que signifie le mot ? Le mot évangile vient du grec et signifie Bonne nouvelle. Il s’agissait de l’annonce d’une naissance au palais royal, ou d’une victoire sur l’ennemi. Le mot n’était pas employé pour désigner un livre.

Marc semble bien avoir inventé un nouveau genre littéraire appelé « Evangile» ou « Bonne nouvelle ». C’est un grand récit sur Jésus, qui permet de découvrir, au fil des épisodes, qui il est, et comment vivre avec lui. Dès le début, Marc affirme: « Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ/Messie, le Fils de Dieu »  Les premières paroles de Jésus sont pour dire la proximité de Dieu avec les hommes. Beaucoup en doutent.

 

 

Pourquoi quatre évangiles ?

 L’Eglise catholique retient Matthieu, Marc, Luc et Jean. Les premières communautés chrétiennes les ont lus et connus comme utiles pour connaitre Jésus et marcher à se suite. Ils font partie d’une liste officiellement reconnue appelée « canon des Ecritures », dès les années 150. Pourtant il y eut d’autres écrits qui ressemblent aux évangiles ; ils ont été écrits bien après les quatre, mais n’ont pas été reçus dans les communautés au même titre que les premiers. On les appelle apocryphes. Entre le deuxième siècle avant Jésus-Christ et le troisième après Jésus-Christ il y eut de nombreuses productions de livres apocryphes de l’Ancien et du Nouveau testament. On a appelé cette production « littérature intertestamentaire ». L'expression "Evangile selon saint.." signifie bien la reconnaissance de la diversité qui porte la Bonne Nouvelle. Cette diversité d'approches de Jésus Parole de Dieu est une aide pour chacun qui sommes appelés à notre tour à devenir témoins de la Parole qu'est Jésus, le Christ. 

 

Pourquoi choisir Marc ? 


Le premier évangile à être mis par écrit est celui de Marc. Il est le plus court et, dit-on, le plus facile à lire. Au cours des messes du dimanche, en 2008-2009, cet évangile sera lu pour les chrétiens qui se rassemblent en communautés d'Eglise.

 

 Evangile, majuscule ou minuscule ?

 

E majuscule quand on désigne la « Parole la Bonne Nouvelle » considérée comme personne qui me parle. Dieu désire converser avec nous comme à un ami. Le lieu de ce dialogiue, c'est l'Ecriture, l'Evangile. On écrit évangile avec minuscule quand on désigne le livre matériel.

  

Des chiffres et des lettres

 

Pourquoi les chiffres dans le texte ? Les chiffres ne viennent pas de Marc. Ils ont été utilisés quand on a commencé à copier les textes, et qu’on ne savait plus comment s’y retrouver dans la succession des pages. Ce furent d’abord les chiffres pour les chapitres… Quelques siècles plus tard on donna un n° à chaque ligne (verset), pour qu’on puisse s’y retrouver. Faites l’expérience avec plusieurs traductions différentes de la Bible : allez à la page 75 ! Mais si vous dites : Marc, chapitre 3 verset 6… on arrive au bon endroit

 

 

Ma Bible comporte des chiffres en marge, sur le côté, qu’est-ce que c’est ?

Marc-TOBab Marc-TOBab  Certaines Bible "dites de travail" comportent beaucoup de notes sous le texte, mais aussi en marge du texte (quelques chiffres et lettres).

Ce sont des références, des renvois vers d'autres textes de la Bible, qui utilisent des abréviations. Au cours des siècles, les chétiens ont pu observé des rapprochements, des liens entre un texte et d'autres écrits auparavant.

Ces notes accumulées sont le fruit de leurs lectures. Elles sont une aide pour le lecteur d'aujourd'hui. Les chiffres et les lettres renvoient vers ces autres textes.

  

L'Evangile selon Marc, histoire de Jésus ou témoignage sur Jésus ?

 

Pour dire les relations entre Dieu, Jésus-Christ et les chrétiens, les évangélistes n'avaient pas d'autre langue que celle de “la Loi et des Prophètes”, la langue de la Bible. C’était une manière de signifier que Jésus est bien dans la continuité des Ecritures. Ainsi, Marc introduit l’Evangile avec une citation du prophète Isaïe.

 

S'il se présente comme une « histoire de Jésus », le texte de Marc est tout autre chose qu'une simple biographie. Comme en témoigne le titre, "Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus, le Christ, le Fils de Dieu", Marc propose à ses lecteurs un itinéraire qui doit leur permettre d'entrer progressivement dans la découverte de ce Jésus qui, par sa vie, sa passion, sa mort et sa résurrection, a été reconnu comme Messie, et comme Fils de Dieu.

 

Lire aujourd’hui le témoignage des premières communautés chrétiennes sur Jésus peut devenir invitation à entrer en relation avec d’autres chrétiens et, à la suite des disciples, mettre au cœur de notre existence Jésus qui rétablit la relation des hommes avec le Père et qui nous fait vivre de son esprit.

 

palmier - Marc2 palmier - Marc2  

 

  

Certains disent la TOB, ou Bible de Jérusalem, ou en français courant. Pourquoi ?

 

TOB traduction œcuménique de la Bible rédigée en commun par les catholiques, les protestants et les orthodoxes après le concile Vatican II. 

 

Bible de Jérusalem : traduite par les religieux de l’Ecole biblique de Jérusalem.
Vulgate, traduction en latin réalisée par St Jérôme.   

Traduction liturgique : traduction prévue pour la proclamation à haute voix. 
  

 
Second.
Louis Second, chrétien de tradition protestante, est l'auteur d’une traduction au XIX° s. Elle est utilisée aujourd'hui encore, par l’Alliance biblique universelle pour la vulgarisation de la Bible. 

 

Mon voisin n’a pas le même texte ! Cela peut nous dérouter. La Bible, au tout début fut écrite en hébreu puis en grec. Ensuite, le texte hébreu fut traduit en Grec (la septante). Jésus parlait araméen mais a appris à lire la Bible en hébreu. Paul a écrit en grec. Puis il a fallu traduire en d’autres langues. Le latin a été utilisé de nombreuses années comme langue officielle pour lire la Bible (le Texte officiel traduit par st Jérôme s’appelle la Vulgate).

Au XVIème siècle, Gutenberg imprime son premier livre, la Bible, en allemand. Il existe dans le monde, de nombreuses traductions dont le but est d’aider à entendre et comprendre dans sa propre langue les textes de l’Ecriture. Certaines traductions sont plus faciles à lire à haute voix que d’autres. Certaines veulent n’employer que des mots simples, d’autres veulent être le plus fidèles possible aux mots d’origine grecque ou hébraïque. Il n’y a pas de traduction parfaite.  

 

 

Quelles différences entre les 4 évangiles ?

Pendant longtemps, on pensait pouvoir reconstituer l'histoire de Jésus à partir des quatre récits, et de ce fait, réaliser un cinquième évangile. Mais on s'est vite rendu compte que ces récits étaient des témoignages, pas seulement le script des paroles et gestes de Jésus. De plus, ces témoignage avaient pour premier souci de faire connaitre Jésus à des gens de culture et d'origine trés différentes: il y avait des juifs et des grecs, des gens qui habitaient en Palestine,  d'autres en Syrie, d'autres en Grécen, d'autre en Egypte d'autres à Rome. Chaque évangéliste a donc cherché la manière la plus juste pour s'expliquer auprès de ses auditeurs. Aujourd'hui, on respecte davantage les intentions des auteurs, c'est un progrès et aussi un  motif de découvrir, à partir des différences qu'il existent différentes manières d'être témoins de Jésus, mort et ressuscité. 

 

 

 

Mosaïque de Tabga Mosaïque de Tabga  

 

 

A partir de la première section (1,1 à 3,6)

 

 Christ, messie ?

Le mot Christ est la transcription grecque d’un mot hébreu, messie. Ce mot signifie « consacré par Dieu », c’est-à-dire roi d’Israël, descendant de David. Au temps de Jésus, il désignait le libérateur, le successeur de David comme roi pour Israël. L’attente était grande à l’époque de se voir libéré de la présence des romains dans le pays.

 

Fils de Dieu ?

L’expression fils de Dieu souligne l’importance de la relation avec Dieu. Dans les religions de l’ancien Orient il désignait l’adoption d’un homme par Dieu. Dans l’Ancien testament, il désignait le roi, mais aussi les juifs fidèles. Dans le nouveau testament, Jésus ne s’est jamais désigné comme Fils de Dieu. C’est la tradition chrétienne qui le désigne ainsi, reconnaissant le lien particulier qui le relie à Dieu. Saint Paul affirmera que nous aussi, nous sommes devenus fils de Dieu, en relation avec le Père, à cause de Jésus, co-héritiers avec Jésus. Pour saint Jean, nous sommes devenus Fils de Dieu par la volonté de Dieu lui-même. Telle est la bonne Nouvelle qu’il veut nous faire connaitre dans son Evangile.

 

Et "Fils de l'homme"?

Plusieurs fois l'expression Fils de l'Homme apparait, pour désigner Jésus. L'expression est reprise du livre de Daniel, un prophète qui, au milieu de la tourmente (persécutions contre les Juifs aux 3 et 2ème siècles avant JC), annonçait la venue imminente d'un envoyé de Dieu. Pour les premiers chrétiens, utiliser l'expression est une manière de dire, "Jésus, c'est lui l'envoyé de Dieu", celui dont ont parlé les prophètes.

Plus d'explications

 

Pharisiens, sadducéens, hérodiens, zélotes, esséniens    

 Dans toute société il existe des courants de pensée, des partis. La société juive ne fait pas exception. Au temps de Jésus, Pharisiens, sadducéens, hérodiens, zélotes, esséniens, baptistes sont les principaux courants religieux. Ils se définissent, certains par leurs activités et leur pensée religieuse, d’autres par leur proximité ou non du pouvoir politique en place.  

 

 A partir de la deuxième et troisième sections (3,6 à 8,30)

 

Pourquoi dire « terre païenne » ?

Au ch 5, dans le récit de guérison d'un possédé, Marc nous signale que Jésus va de l'autre côté du lac. Pour les habitants, c'est le côté païen du lac, que ce soit Tibériade, au sud, ou ce qu'on appelle aujourd'hui la Transjordanie, à l'Est. Dans le pays on élève des porcs, ce qui était interdit pour les juifs, mais les colonisateurs romains ne se gênaient pas. L’homme rencontré est possession des démons, des esprits impurs ; il vit dans les tombeaux . Tout cela est considéré comme « impur », comme loin de Dieu, par la religion juive. Jésus va à la rencontre de celui qui est loin.

 

Bord du Lac de Capharnaüm Bord du Lac de Capharnaüm  

 

Le pur et l'impur.

Des règles d'observance de plus en plus strictes s'étaient accumulées au cours de l'histoire juive. L'idée que Dieu était parfait et qu'il fallait être soi-même parfait (pur) a entraîné l'élaboration de ces règles, par exemple, ne pas fréquenter des étrangers, ne pas être en contact avec un mort et tout objet (le cuir) qui a touché la mort ou le sang. Tout cela entraînait bon nombre d'exclus... et des motifs d'exclusion, motifs pour "regarder de travers" celui qui n'avait pas tout respecté. On trouve des traces de ces débats entre Jésus et les pharisiens, aussi bien en Matthieu que Marc et Luc. Jésus fera comprendre que ce sont les pensées qui viennent du coeur de l'homme qui peuvent le rendre impur. (lire Marc ch 7). Plus concrètement, nous voyons dans l'Evangile Jésus toucher ou se laisser toucher par ces personnes dont il faut se tenir éloigné. Il va en territoire païen, rencontre quelqu'un qui vit dans les tombeaux. Ce n'est pas une anecdote, c'est le signe que Jésus vient abolir les barrières d'exclusion.

 

Royaume de Dieu.  

 

Exercice complémentaire. Puisque nous lirons tout l’Evangile de Marc, il peut être intéressant de repérer comment Marc emploie le mot Règne (ou Royaume) et ce qu’il en dit. Pour cela, il faudrait recopier toutes les expressions de Marc où apparait “règne de Dieu…” Cela peut aider à donner sens à l’expression, à partir de l'Evangile de Marc lui-même. On peut aussi constater que ce que vit le possédé, correspond à ce qui est dit de la proclamation de la Bonne Nouvelle de Dieu au début de l'Evangile, 1,15 :  « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » Le possédé en a fait l'expérience et il fut invité à l'annoncer dans sa maison et autour de lui.
 

 

 Le secret messianique.  

 

Plusieurs fois, Marc laisse entendre que Jésus était trés réservé sur la manière de parler de lui, au point même d'interdire à ses disciples de parler de ce qu'ils ont découvert de lui, avant qu'il ne soit ressuscité. Par exemple, lorsque Pierre dit à Jésus qu'il reconnaît en lui le Messie. Ce n’est ni la première fois, ni la dernière fois que Jésus impose le silence.

Pour oser dire que ce Jésus est messie, Fils de Dieu, il faut aller jusqu’au bout de l’itinéraire, c'est-à-dire la croix. Tant que “tout va bien pour Jésus”, on peut dire qu’il est Messie, mais quand il sera sur la croix osera-t-on encore dire qu'il est le Messie de Dieu ?  Pierre ne dit ici qu’une partie de l’identité de Jésus : le Messie, c’est-à-dire l’envoyé de Dieu. Pour la seconde partie du titre “il est Dieu, Fils de Dieu”, il faudra être au pied de la croix. Selon Marc, c'est un païen qui dit la foi  en Jésus: Jésus  est le Fils de Dieu.

Il en est de même pour tout croyant aujourd’hui encore. Quand tout va bien, ce n'est pas trop difficile de croire en Jésus et en son Père. Mais au milieu des épreuves, saurons-nous dire encore que Dieu, en Jésus, s’est rendu proche de nous ?

 

Les incompréhensions envers Jésus.

Le parcours en continu de l'Evangile selon Marc permet de repérer les nombreuses fois où Jésus est mal reçu, n'est pas compris. Il n'y a pas que des conflits entre scribes, pharisiens et Jésus, car même la foule, même les disciples ne comprennent pas, ne se rendent pas compte! Ainsi au moment où Jésus parle de sa prochaine arrestation, les disciples discutent pour savoir qui est le premier, ou qui sera ministre à droite et à gauche de Jésus dans son royaume. Dans la "section des pains", plusieurs fois est posée la question: "ne comprenez-vous pas?". Ce n'est pas mauvaise volonté, ni pour eux, ni pour nous. Les uns comme les autres, nous avons reçu une formation, une éducation qui limite parfois l'ouverture de notre esprit aux pensées de Dieu.

 

Miracle, Satan/Beelzéboul, crainte/peur

Article publié par Gestionnaire technique du site internet du Diocèse • Publié • 8710 visites