N°09 - Pour un monde meilleur

Edito d'Eglise d'Arras

Qui d’entre nous n’a pas souhaité un monde meilleur, qui n’a un jour fredonné les paroles du chant sur un air de Dvorak ? Nous avons prié et nous prions encore pour un monde meilleur, d’amour, de justice, de paix… où la famine aura disparu, où le Seigneur aura séché les larmes.
Mais voilà que d’aucuns rient jaune à la vue de cette seule phrase : « pour un monde meilleur ». Politiques, sports, économies et religions ne semblent pas avoir les mêmes valeurs. A Lorette ou dans les stades, des graffitis ont récemment crié la haine de l’étranger. Dans une émission de jeux télévisés, Islam, jeune “issu de la diversité”, est interdit d’antenne à cause de son prénom… Serait-il désobligeant d’initier à la solidarité plutôt qu’à l’hostilité ? Laisserons-nous le refus, l’élimination de l’autre gagner l’humanité ? A l’occasion de la journée mondiale des communications sociales, Benoit XVI en appelle aux médias pour développer le sens de la dignité de l’homme et de la vérité en toute chose. « Les moyens de communications sociales participent à l'alphabétisation et à la socialisation, ainsi qu’au développement de la démocratie et du dialogue entre les peuples… ».
L’Occident a délaissé les utopies des lendemains qui chantent, il a été déçu par celles de la main invisible au service de toute l’humanité. Les chrétiens cependant gardent leur tradition d’espérance à cause du Christ ressuscité, espérance qui se concrétise au présent, dans le souci de guérir les corps et les cœurs blessés, comme le fit le Christ en Galilée, comme le demandait Isaïe quand il invitait à redresser les chemins, aplanir les ravins, pour favoriser le retour des exilés : ce serait alors le signe que le Seigneur passe au milieu de son peuple.
Des signes pour aujourd’hui sont visibles : quand catholiques, protestants et musulmans se rassemblent pour une journée portes ouvertes, quand ils sont reçus en mairie, quand ils créent un lieu de recueillement commun dans une polyclinique ; quand des jeunes proclament que ‘jeune et solidaire, çà va ensemble’ ; quand la prière fait se relier le quotidien et l’expérience croyante. Signes encore que la participation aux conseils municipaux pour un meilleur service des habitants, engagements associatifs qui perdurent malgré une misère qui progresse, en France comme en Afrique.

Inscrire la fraternité, dans la République et dans le monde, est un défi que les religions doivent relever. Prions le maitre de la moisson, notre Père, qu’il envoie des ouvriers à sa moisson, offrons-lui nos cœurs et nos mains, que son Esprit ouvre nos horizons.

 

Abbé Emile Hennart